Retour à Flexiland

Ambiance foraine et bon enfant le 10 février dernier sur la Grand-Place de Mons. Les Jeunes CSC y ont installé un parc d’attractions éphémères et burlesques pour sensibiliser aux conditions de travail inacceptables imposées aux jeunes.

Un des mots d’ordre du gouvernement Michel est «Jobs, jobs, jobs!». Mais quels jobs crée-t-il? Les Jeunes CSC ont illustré le parcours du combattant des jeunes en recherche d’emploi par des attractions foraines.

Dans l’«Élastic-jobs», ils ont fait la course aux contrats semés d’embûches. Celui qui parvenait à placer une carte le plus loin possible obtenait symboliquement un contrat: intérim ou CDD. Quand, par chance, un jeune décroche un CDI, il se cramponne à son contrat comme à la selle d'un taureau de rodéo (le «Rodéo du CDI»). Mais il se fait le plus souvent éjecter. Il se rabat alors sur l’intérim ou des contrats peu stables… Il teste alors le «Mur de l’instabilité» sur lequel il doit essayer de grimper pour obtenir un CDI, en compétition avec les autres. S’il échoue, il est alors invité à viser la «Cible du progrès». En fonction du chiffre sur lequel il tombe, il obtiendra un contrat de remplacement, du travail au noir, un stage non rémunéré, des CDD à la chaîne, de l’intérim, de la flexibilité, du burnout, de la modération salariale… Autant d'attractions installées qu'on pu tester un bon nombre de citoyens de passage sur la Grand-Place de Mons.

Au printemps 2017, les Jeunes CSC ont interrogé deux mille jeunes. La majorité des témoignages montrent qu’ils éprouvent des difficultés à trouver un emploi stable. Une grande majorité d’entre eux rencontrent aussi des problèmes financiers en raison de dépenses trop élevées – s’ils habitent seuls, par exemple – ou d’un revenu trop faible.

La période entre la sortie des études et l’obtention d’un contrat stable est de plus en plus longue et semée d’obstacles. La flexibilité et la précarité deviennent des passages obligés. Un stage, puis un PFI (plan formation-insertion), puis une formation, puis un intérim, puis peut-être un CDD… Les jeunes vivent au quotidien ces difficultés qui les empêchent d’accéder à une réelle autonomie.

Plutôt que répondre à ces problématiques, le gouvernement fédéral n’a pour credo que la flexibilité: flexibilité des revenus de mois en mois, flexibilité des contrats en début de carrière. Pourtant, se loger, se nourrir et se déplacer ne sont pas des postes flexibles.

Le parc d’attractions «Bienvenue à Flexiland» a sensibilisé les jeunes et les moins jeunes. «L’idée était de dénoncer par une animation ludique, explique Ludovic Voet, responsable des Jeunes CSC. Ce genre d’action a un effet positif sur la façon dont les gens peuvent envisager l’action syndicale. Cela permet aussi d’ouvrir la discussion. Deux cents signatures ont été récoltées contre les mesures anti-jeunes de ce gouvernement.»

Article réadapté et paru dans sa version originelle dans L'Info - Journal d'informations syndicales
le 23 février 2018
n°04 • 76è année
Bimensuel

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