Les jeunes doivent-ils déjà s’inquiéter de leur pension ?

Les jeunes doivent-ils déjà s’inquiéter de leur pension ? Le nouveau responsable des ACV-Jongeren, Jeroen Van Ranst, nous donne son avis.

Quel est aujourd’hui le thème d’actualité en Belgique ? Les pensions ! Un thème auquel les jeunes ne doivent pas encore particulièrement s’intéresser ? Peut-être tout de même, malgré tout !

A la fin de mes études, j’ai reçu un appel téléphonique de ma banque, qui me demandait si je pouvais me rendre à l’agence pour parler de l’épargne-pension. Après avoir longuement insisté, ils m’ont enfin présenté une liste des sociétés louches que ce fond de pension soutient. J’ai alors vite compris qu’en Belgique, à l’heure actuelle, il n’existe pas d’alternative éthique. Dans ces conditions, pas question de souscrire à une épargne-pension. Pour moi, l’affaire était donc close, oubliée. Comme pour tant d’autres jeunes. D’autant que l’avenir, ce n’est pas demain, mais bien après-demain...

Entre-temps, plusieurs débats liés aux réformes des pensions ont dominé les médias flamands. Mais la question des « salaires jeunes » (voir notre dossier Starters Jobs) revient rapidement sur le devant de la scène. En effet, les pensions seront calculées sur la base des 45 premières années de la carrière. Conséquence : ce « salaire jeune » nous reviendra demain en pleine figure à la manière d’un boomerang.

Dans la lutte pour l’emploi qui est déjà d’actualité, ce phénomène agit comme de l’huile sur le feu. J’ai 28 ans et je l’observe dans mon entourage immédiat. Certains de mes amis travaillent dans le secteur de l’intérim. Ils éprouvent de plus en plus de difficultés à décrocher un contrat à durée indéterminée. Les « salaires jeunes » facilitent l’entrée massive de statuts peu coûteux sur le marché du travail. Autrement dit, les jeunes un peu plus âgés craignent de se trouver bientôt dans l’impossibilité de décrocher un emploi. Par ailleurs, à l’autre extrême, j’observe la situation de ma mère, qui travaille depuis 30 ans dans le secteur des soins aux personnes. En raison de la pénibilité du travail, elle souffre régulièrement de maux de dos. Travailler jusque 67 ans lui semble tout à fait impossible. En plus de ça, elle est confrontée à la pression de l’idéologie des assainissements et elle se sent contrainte de laisser la place à des collègues plus jeunes (c’est-à-dire moins coûteux et moins souvent malades). Toutefois, on trouve moins souvent un nouveau boulot à 55 ans et ceux qui trouvent un nouvel emploi dans les 12 mois sont en général réduits à accepter des emplois précaires, tels que du travail intérimaire ou à temps partiel. Ma mère devra-t-elle bientôt faire la file avec les jeunes dans les agences de travail intérimaire ?

Lorsque beaucoup de personnes se battent pour les mêmes emplois, le caractère durable de ceux-ci diminue. Il suffit de lire l’Accord estival pour se faire une idée précise de ce que cela signifie: « réduire le coût du travail » avec moins de constitution de droits sociaux pour les jeunes, l’extension du travail intérimaire et les flexijobs, etc.

Une enquête récente des Jeunes CSC s’est intéressée aux aspirations des jeunes pour l’avenir. Les résultats montrent l’inverse de ce que le gouvernement nous propose. Les jeunes demandent un emploi fixe et la sécurité d’emploi, un salaire qui leur permette de construire des projets de vie, et peut-être quand même se soucier de temps en temps de leur pension, même si cela représente un avenir encore très éloigné.

Jeroen Van Ranst, Responsable ACV-Jongeren

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