Pension - La jeunesse en faillite : précaire jusqu’à la tombe !

Réforme des pensions ! « En quoi cela concerne les jeunes ? On a déjà du mal à trouver un boulot ! ».  Zoom sur une des mesures phares  du ministre des Pensions : les périodes de chômage ne seront plus pris entièrement en compte dans le calcul du montant de ta retraite. Après 312 jours de chômages (pas nécessairement consécutif) la pension sera calculée sur base d’un forfait de 1948 euros brut et non plus sur base du dernier salaire (plafonné).Cela diminuera fortement nos pensions alors qu’elles sont déjà parmi les plus basses d’Europe. Le but est clair ! Appauvrir les retraités et préparer la faillite de la jeunesse. « Jeune précaire, du tombeau jusqu’au berceau ».

« Plus vous commencerez à épargner jeune plus votre argent aura le temps de fructifier et plus votre épargne vous rapportera une fois l'âge de la pension atteint. » peut-on lire sur le site internet d’un organisme d’assurance. Seulement 80€/mois jusque 60 ans pour s’assurer une belle retraite.


Commercial ? Alléchant ? Comment en est-on arrivé là ?

La pension fait partie des principes de solidarité (sécurité sociale) dont chaque travailleur, avec ou sans emploi, bénéficie une fois l’âge de la pension atteinte. Le principe de solidarité est aussi simple que fondamental : les travailleurs actuels cotisent pour les personnes retraitées. Chaque mois, 7,5% de ton salaire va dans la caisse de la sécurité sociale pour financer les pensions. Ton employeur aussi doit financer cet effort collectif.


Tu as dit « solidarité intergénérationnelle » ?

Complètement ! Quand tu atteindras l’âge de la retraite, ce seront les travailleurs qui financeront ta pension. Pour bénéficier d’une pension complète, tu devras avoir cumulé 45 ans de carrière. La pension moyenne d’un retraité est estimée à 1350€/mois.

Une pension qui ne permet pas de vivre dignement ?

C’est le cas, selon les derniers chiffres du Comité d'étude sur le vieillissement (2014), 17,8 % des gens de plus de 65 ans en Belgique sont pauvres. 15,1 % des pensionnés ont un revenu disponible équivalent de moins de 1 003 euros par mois. La moitié des femmes à la retraite ont une pension de moins de 1000 euros par mois.

Deux ans que ce gouvernement braque les caisses de retraite

Le montant des pensions est revu à la baisse par des mécanismes votés par le gouvernement : après avoir supprimé le bonus pension (179,4 euros de pension par mois en moins pour toute personne qui reste active jusqu'à l'âge de 65 ans) et certaines périodes assimilées (par exemple, si un travailleur décide de faire une interruption carrière, la période n’est plus totalement comptabilisée pour la pension). Après avoir diminué la pension des fonctionnaires, le gouvernement ne s’arrête plus ! A partir de janvier 2017, le gouvernement complexifie un peu plus le système des pensions avec au final des retraites qui diminuent.

Parmi les mesures évoquées, une va particulièrement impacter la jeunesse : seuls 312 jours de chômage (l’équivalent d’un an de travail à temps plein) pourront être pris en compte complètement dans le calcul de ta future pension. 312 jours sur une période de 45 ans . Ensuite  la pension sera calculée sur base d’un forfait de 1948 € bruts par mois à partir du 313e jour et non plus sur base du dernier salaire (plafonné).C’est peu et c’est déconnecté de la réalité de la jeunesse, surreprésentée parmi les chômeurs. Aujourd’hui, la réalité du travail des jeunes c’est du chômage entre deux missions d’intérim, c’est du chômage économique en cas de fermeture d’entreprise, c’est la difficulté de décrocher son premier emploi, etc. Alors que la sécurité sociale doit permettre de nous prémunir d’un certain nombre de réalités économiques, le gouvernement nous abandonne à notre sort ! Après avoir réformé le système qui permettait à chaque jeune de bénéficier d’une allocation à la sortie des études, ce gouvernement s’attaque à la pension de nos ainés et en même temps, à ta future pension !   

Mais que fait la jeunesse ?!

Au final les jeunes qui en ont les moyens s’organisent par des modes de financement alternatifs comme l’épargne pension. C’est le cas de Hans, un jeune de 25 ans explique la raison pour laquelle, il procède à l’épargne pension, "J’ai calculé à combien s’élèverait ma pension légale et j’en ai conclu qu’elle ne suffirait pas pour subvenir à mes besoins. »[1] Résultat ? Hans sacrifie chaque mois 80€ (960€/an) de son budget pour espérer atteindre un montant décent lors de sa retraite.

Alors que l’Etat vide les caisses de retraite, les organismes privés d’épargne pension se multiplient. La bonne affaire ! D’un côté l’Etat vide les caisses de pension (financées par les cotisations des travailleurs) ; de l’autre, le gouvernement incite les travailleurs à cotiser pour une épargne pension auprès d’un organisme privé.


Des alternatives existent

Les pensions belges sont basses comparées à nos pays voisins : l’Allemagne, la France, le Luxembourg et les Pays-Bas. L’écart s’élève entre 11 et 43%.

Alors qu’un retraité belge bénéficiera de 1 155,12 €/mois, s’il habitait en Allemagne sa retraite s’élèverait à 1289,88€/mois, au Luxembourg, à 1639.82€/mois, et en France à 1653€/mois.

Les questions de retraite concernent tous les travailleurs : chaque mois, nos salaires permettent de financer la sécurité sociale, dont une bonne partie migre vers les caisses de retraite. Quand le gouvernement décide de faire des économies, c’est notre argent qu’il décide de confisquer ! Si nous ne défendons pas aujourd’hui les retraites de nos aînés, à quoi seront-nous réduits, le jour venu où nous prendrons le repos mérité ?

Rejoins les Jeunes CSC ce lundi 28 novembre à 11h devant le cabinet du Ministre Bacquelaine (Place du Petit Sablon) pour exprimer ton désaccord avec les nouvelles mesures « retraite » de ce gouvernement.

Aurore Joly

 

[1] http://p.cdn.belga.be/bms:20991?v=55bb78b5&m=bdgpkfhp

Réagissez à propos de cet article

Pour rester au fait de l’actu des jeunes au quotidien,

rejoins-nous sur nos différentes plateformes online!