RENTRÉE 2017 : Quoi de neuf pour les jeunes ?

RENTRÉE 2017
Quoi de neuf pour les jeunes ?

Les nouvelles mesures gouvernementales sur le grill.

Le gouvernement fédéral s’est mis d’accord sur un certain nombre de mesures suite au Conseil des Ministres du 26 juillet 2017. La veille, le 25 juillet, c’est la déclaration de politique régionale wallonne entre le MR et le cdH qui se finalisait. Qu’est-ce que nos gouvernements ont réservé aux jeunes dans ces paquets de nouvelles mesures ?
Les Jeunes CSC tentent d’y voir plus clair.


  • Les jeunes étudiants jobistes de moins de 18 ans pourront à partir du 1er janvier 2018 travailler le dimanche. Les étudiants mineurs étaient interdits de travailler le dimanche et de travailler la nuit. Le gouvernement fait sauter la première interdiction. Les étudiants jobistes de 15 à 17 ans travaillent essentiellement l’été. Ils étaient 112.164 à avoir travaillé en 2016 sur une population étudiante de 15 à 17 ans d’environ 360.000 (31% contre 59% dans l’ensemble de la population étudiante). Les jeunes de 15 à 17 ans travaillent en moyenne 17,7 jours par an (contre 23,4 jours pour l’ensemble des étudiants). 76% d’entre eux travaillent moins de 25 jours par an en travail étudiant quand 76% des étudiants travaillent moins de 35 jours par an.

Pour les Jeunes CSC, la priorité ne devrait pas être de flexibiliser davantage le recours au travail des étudiants mineurs mais d’augmenter leurs salaires. En effet, ils subissent de plein fouet la discrimination salariale liée à l’âge car l’employeur, en plus de ne payer que peu de cotisations sociales, peut également payer un salaire horaire jusqu’à 30% moins cher aux jeunes de 15 et 16 ans et de 24% aux jeunes de 17 ans. En effet, les étudiants jobistes ne gagnaient en 2016 qu’une moyenne de 61,96 euros par jour de travail quand l’ensemble des étudiants jobistes payés au moins au salaire minimum gagnaient en moyenne 81,60 euros par jour de travail. Sur une année, cette discrimination fait perdre 330 euros à chaque étudiant jobiste de 15 à 17 ans. Cette mesure les poussera surtout à jobber plus pendant l’année plutôt que l’été. Il est préférable de mieux rémunérer les jeunes que de les inciter à travailler davantage, parfois au prix de leur réussite scolaire.

  • Depuis le 1er juillet 2017, les étudiants en alternance peuvent désormais également exercer un job étudiant. A la condition de l’exercer dans une autre entreprise que celle où ils sont apprentis pendant l’année et seulement pendant les périodes où il n’est ni à l’école ni en entreprise. Ici, ce sont les salaires de misère que les jeunes touchent pendant l’année (260€ par mois la 1ère année par exemple) qui poussent les jeunes à vouloir travailler comme étudiant l’été plutôt que de profiter de congés bien mérités. Les Jeunes CSC ont lancé cette année une campagne pour augmenter le salaire des apprentis au minimum au niveau des apprentis flamands (et ensuite au salaire minimum). En 3 ans, ce ne sont pas moins de 3784 euros en moins dans la poche d’un apprenti wallon. Ne vous inquiétez pas qu’avec 3784 euros en plus, le besoin de faire un job étudiant pour financer ses projets de manière autonome se fera moins ressentir.
  • Par ailleurs, le gouvernement fédéral entend renforcer le contrôle des étudiants bénéficiant du revenu d’intégration. L’inspection supervisera de manière plus stricte l’octroi du revenu d’intégration aux étudiants et l’application de l’obligation d’entretien (récupération auprès des parents). Les CPAS qui n’effectuent pas assez de récupérations seraient sanctionnés par une diminution des subventions fédérales qui leur sont octroyées pour le revenu d’intégration. Le nombre d'étudiants belges touchant le revenu d'intégration sociale du CPAS est passé, entre 2002 et 2016, de 3.654 à 27.133, soit un chiffre multiplié par 7,4 en l'espace de 15 ans. Cela témoigne de la paupérisation de la condition étudiante. Au lieu de prendre les mesures adéquates pour renforcer l’autonomie financière des étudiants, le gouvernement entend donc traquer les parents qui ne « donnent » pas assez à leurs enfants. 
  • Les starters jobs évoqués en octobre 2016 seront bien appliqués à partir du 1er janvier 2018 malgré son incidence quasi nulle sur l’emploi des jeunes. 

  • Du côté du nouveau gouvernement wallon, il faudra étudier les propositions concrètes faites concernant l’emploi des jeunes qui est un problème structurel en Wallonie. A la lecture de la déclaration de politique régionale, les jeunes ne sont considérés que comme des entrepreneurs potentiels à qui il faut transmettre l’esprit d’entreprise. Espérons que l’orange-bleu wallonne ne compte pas combattre le chômage des jeunes à coup de slogans inefficaces sur l’entreprenariat. Avec les sorties récentes de Pierre-Yves Jeholet, nouveau ministre de l’Emploi (MR), il est même à craindre qu’un jeune non-entrepreneur et qui ne travaille pas se verra affublé des termes « culture de l’excuse », « rentier », « fainéant ». Enfin à moitié rentier, à moitié miséricordieux, vu que la moitié des jeunes wallons n’ont plus droit à aucune forme de protection sociale depuis que le gouvernement fédéral avec le MR a, en 2015, exclu les jeunes qui sortent des études diplôme en poche après 24 ans et sans qualifications entre 18 et 21 ans.

  • Une mesure devrait concerner les étudiants wallons dans cette déclaration. « Les étudiants qui ne trouvent pas d’offre de formation supérieure dans la filière de leur choix à proximité de leur domicile seront soutenus par une déduction fiscale forfaitaire sur leurs frais de kots ». Le coût lié à la location d’un kot est en effet un frein important à l’accessibilité à l’enseignement supérieur et représente un budget que beaucoup d’étudiants et de familles ne peuvent supporter pendant toute la durée des études. Déduire fiscalement un montant forfaitaire pour les frais de kot, c’est encore et toujours considérer l’étudiant comme un adulte non autonome dépendant des revenus des parents. Cette politique familialiste n’est plus en adéquation avec la réalité que vivent de nombreux jeunes devant subvenir à leurs propres besoins. Pour avoir une déduction fiscale, il faut payer des impôts, et c’est évidemment peu souvent le cas des étudiants, même autonomes. On laisse donc les étudiants dans une situation de dépendance aux revenus des parents. De plus, par définition, une déduction fiscale rapporte proportionnellement plus aux familles qui perçoivent davantage de revenus. Malheureusement, cette proposition ne résoudra pas la pénurie de logements étudiants. Par ailleurs, on peut se demander si elle n’entraînera pas une hausse des loyers, vu que rien n’empêchera aux propriétaires de jouer avec cette nouvelle mesure dans un marché locatif déjà fortement saturé.
  • Un grand absent de la déclaration régionale concerne la rémunération des apprentis déjà évoquée plus haut. Le gouvernement MR-cdH déclare vouloir développer l’alternance. Pour cela, il faut montrer aux apprentis qu’on respecte à leur juste valeur leur travail. Lors de notre interpellation des députés wallons et fédéraux en mars dernier, le député David Clarinval (MR) nous avait répondu de plutôt adresser l’interpellation au gouvernement wallon de l’époque PS-cdH et au cabinet Tillieux en particulier (ce que nous avions évidemment fait) en nous expliquant qu’au Fédéral le gouvernement veillait à garantir des salaires décents pour les jeunes. C’est la seule réponse que nous avions reçue du MR. Nous avons vu plus haut ce que le Fédéral fait contre le salaire des jeunes travailleurs. Qu’à cela ne tienne, nous espérons que la réponse de David Clarinval ne relevait pas des guéguerres politiciennes (les citoyens en ont ras-le-bol) et qu’elle relevait plutôt d’une réelle préoccupation pour les salaires de misère que touchent les jeunes apprentis. L’occasion est trop belle que de l’inviter maintenant à porter cette revendication avec nous à l’oreille de Pierre-Yves Jeholet, nouveau ministre wallon de l’Emploi et de la Formation.
  • Du côté des bonnes nouvelles et grâce au mécanisme de l’indexation « automatique » des salaires mis en place par la concertation sociale entre employeurs et syndicats, depuis le 1er juin 2017, le revenu mensuel minimum moyen garanti au niveau national (RMMMG) a augmenté de 2%, ainsi que les salaires dans les secteurs. Le mécanisme d'indexation implique que les salaires suivent d'une manière déterminée l'augmentation et la diminution du coût de la vie. En l’absence de convention sectorielle plus avantageuse, les salaires minimaux qui peuvent donc être proposés aux travailleurs et aux étudiants jobistes ont donc augmenté. Le salaire minimum pour les jeunes travailleurs de 18 ans et plus et pour les étudiants de 21 ans et plus est dorénavant de 1562,59 euros. Pour les jeunes travailleurs et étudiants jobistes de 16 ans ou moins et de 17 ans, il est respectivement de 1093,81€ et 1187,56€. Pour les étudiants de 18, 19 et 20 ans, il est respectivement de 1281,32€, 1375,07€ et de 1468,83€. C’est également une bonne nouvelle pour les jeunes en alternance, leur rétribution étant liée à un % du salaire minimum. Les apprentis passent donc à 265,64€ par mois minimum en 1ère année jusqu’à 500,03€ en fin d’apprentissage.

 

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